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Immigration, create real relationships

Lorsque tu entames un processus d’immigration, on te parle souvent des démarches longues, un processus de sélection hasardeux, une fois sur place les difficultés à trouver un emploi ou encore un logement. Mais je trouve qu'on ne nous parle pas assez de la difficulté à re-créer un cercle d'amis stables et sincères lorsque tu fais le choix de repartir à zéro dans un autre pays. Ou alors, c’est moi qui ne m’étais pas assez préparée.



Mes expériences

Ici, à Montréal, cela pourra surprendre ma famille et mes amis de longue date en France, mais je ne suis pas quelqu'un qui s’est ouvert facilement. En dehors des personnes que j'ai pu rencontrer dans ma vie professionnelle, il s'est écoulé plus d'une année avant de vraiment commencer à m'ouvrir, j’avais pris du temps pour moi, pour digérer ma séparation amoureuse, pour savoir quelle direction je voulais donner à ma vie. Je crois que le facteur de l’âge aussi entre en jeu: une fois la trentaine dépassé, on ne se fait plus des amis comme dans la vingtaine. On a tous des bagages émotionnels, des déceptions, des blessures qui font qu'on ne s'ouvre plus aussi facilement, on devient sélectif, exigeant aussi. La confiance est difficile à donner. Ajoutez à cela une pandémie mondiale pendant les deux premières années, et je vous promets le bagage devient une soute d'avion à lui tout seul.


Malgré tout, je fais partie de ces personnes qui voient toujours le verre à moitié plein, et non à moitié vide; qui donne toujours une chance de voir à quel point l'humain peut être bon. J'essaie, constamment, c'est mon côté positif. Lorsque je suis arrivée ici, on m'a alors dit que ce serait très difficile de me faire de vrais amis québécois, que c'était plus facile de rester avec un groupe d'expatriés français. En ce qui me concerne, c’était plutôt l'inverse.


J’ai fini par m’ouvrir une première fois, en dehors de ma sphère professionnelle et de ma sphère de collocation. J’ai vraiment vécu ça comme un « date amical » : c’était bizarre, comme ces premières questions que tu poses à un date Tinder lors du premier rendez-vous. Être de parfaites inconnues, de régions françaises différentes, se retrouver dans un autre pays, et essayer de voir si on a les mêmes valeurs humaines et la même définition de l’amitié. C’était une personne avec qui j’échangeais régulièrement sur les réseaux, fraîchement arrivée sur Montréal, assez innocente de prime abord.


Les premiers temps ont été agréables, puis les choses ont commencé à changer, parce que les réseaux sociaux ont commencé à prendre une place étrange dans la vie des « influenceuses » à Montréal, des conflits de tous les côtés, de la concurrence, une course aux abonnés constante. Ça a commencé à fausser cette relation, que j’étais finalement la seule à entretenir sincèrement. J’ai fini par y mettre un terme une grosse année après. Personnellement, ça a été douloureux, c’était un échec pour moi, je me suis sentie utilisée et dupée surtout. J’ai été confrontée à une chose que je n’avais connu avant, ce gros phénomène social que sont les réseaux sociaux et l’impact qu’ils ont sur la sincérité des autres.



En contre partie, cette même année, j’ai rencontré une de mes amies les plus proches aujourd’hui, qui elle n’était pas très réseaux sociaux et qui finalement était sincèrement plus dans l’être que dans le paraître. A elle toute seule et avec son chaton Taktak, ils sont devenus ma famille d’ici. Nous passions de très beaux moments ensemble, précieux à mon coeur. Puis, j’ai été heurté pour la première fois, au départ de ma personne ressource. Celle avec qui je venais de passer deux années devait finalement retourner en France. Je l’avais déjà vécu avec mes anciennes collocataires (elles se reconnaitront mes petites fées) mais rien de comparable. C’était comme repartir à zéro, encore une fois.


Par chance, au milieu, j’ai aussi rencontré des personnes incroyables, des amis que j’ai depuis le jour 1, lors de ma job temporaire chez Zara, d’autres que j’ai rencontré par le biais de personnes qui ont traversé ma vie, et j’ai finalement réussi à créer un noyau sain, un noyau sincère, et je crois que c'est l'une de mes plus belles victoires de cette immigration.



Mes leçons

Ces 5 dernières années n’ont pas été de tout repos sur le point de vue relationnel, on le sait l’immigration c’est un tsunami d’émotions et de challenges, j’en ai tiré des tas d’apprentissages.



J’écoute beaucoup de podcasts (ou des balades comme ils disent au Québec) sur les relations, qu’elles soient amoureuses, familiales ou amicales. J’ai appris avec les années que ça appartient à chacun la façon dont on nourrit chacune d’elles. Et, surtout, qu’il faut être deux à l’entretenir. Ce n’est et ce ne sera jamais de ta seule responsabilité. Aussi, j’apprends à faire une vraie différence entre les « copains » et les « amis » et être suffisamment honnête envers moi-même en me disant que tout le monde ne peut pas être ton ami, et c’est très correct comme ça.

"Plaire à tout le monde, c'est plaire à n'importe qui."

J’ai appris à dire au-revoir aussi, au-revoir aux personnes qui retournaient en France, faire face à ce sentiment d’abandon que je pouvais ressentir, mais tout en respectant leurs choix. Au-revoir aussi aux personnes qui n’étaient pas faites pour rester dans ma vie et qui étaient de passage. C’est dur dans les deux cas. J’ai ressenti beaucoup de mixed feelings, comme de la culpabilité (de mettre mes propres limites), de la honte (de pas réussir à garder des gens dans ma vie) mais aussi de la gratitude (d’avoir vécu avec chacune de ces personnes, d’incroyables moments, même s’ils étaient temporaires).


Je ne serai pas qui je suis aujourd’hui, si je n’étais pas passée par toutes ces étapes. J'ai revu mon rapport au relations mais surtout avec moi-même. J'apprécie être seule, et je suis fière de cette partie.


Mes conseils

L’immigration est (et restera) une expérience folle et magnifique, sans nul doute. Il faut le vivre pour le comprendre. Par contre, si vous venez d'arriver, je vous conseillerai non pas de vous méfier, mais juste de faire attention, de vous protéger.


Certaines personnes viennent avec leur bienveillance, leur gentillesse mais d'autres viennent avec leurs insécurités, leur maladresse. Ici, tout est décuplé, les joies comme les peines. Beaucoup vont faire des apparitions dans vos vies, les plus opportunistes prendront un peu de votre énergie, et les plus sincères resteront auprès de vous. Quand tu viens seul(e), il est difficile de te trouver une place sincère dans tout ça. Mais c’est possible, c’est promis.


Aussi, je le dis souvent mais : la vraie vie n'est pas sur Instagram, elle n'est pas sur les réseaux, elle n'est pas valorisée par des likes et des commentaires. Ne croyez pas tout ce que vous voyez sur les réseaux, c'est un infime bout de la réalité. Déconnectez-vous, vivez des moments sincères, entourez-vous de belles âmes, vivez votre vie, personne ne la vivra pour vous. Le plus important dans toutes ces relations qui se font et se défont, c'est de connaître sa valeur et d'être en paix avec soi-même : savoir dire oui, savoir dit non, admettre qu'on mérite mieux.


Soyez sélectifs, protégez vos énergies (elles sont si précieuses), entourez vous des personnes qui ont les mêmes valeurs que vous, nourrissez-vous de ces personnes qui rentreront dans votre vie, peut être de façon éphémère, mais on a tous des apprentissages à vous donner. En écrivant ces quelques lignes, je pense à toutes ces personnes qui constituent aujourd’hui mon cercle d’amis proches, que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer en France, en restant dans mes Landes natales. Je suis riche de cette diversité, j’en suis fière et je les remercie toutes et tous d'être dans ma vie aujourd'hui.



Certaines personnes marqueront votre vie plus que d’autres, mais surtout ne soyez pas trop dur avec vous-même. Parfois, ça prend du temps, j’ai lu plusieurs retours vendredi qui me disaient être ici depuis deux ans et ne pas avoir créé de véritables liens amicaux. N’oubliez jamais qu’on est déraciné, on repart de zéro, sur tous les aspects de notre vie. C’est challengeant, c'est bousculant, ces choses là prennent du temps, mais je reste persuadée que c’est tout aussi enrichissant.


Il était important pour moi de donner mon ressenti. J'ai vraiment hâte d'écouter le vôtre, toutes les expériences sont si différentes, alors si le coeur t'en dit, laisse moi un petit commentaire ici ou sur Instagram.

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