Expatrié (n. m.) : un expatrié est un individu résidant dans un autre pays que le sien (sa patrie). Le mot vient des mots grecs exo ("en dehors de") et patrida ("le pays").
Partir, même lorsque nous sommes prêts et que notre projet est clair, cela reste difficile à imaginer, à expliquer.
Partir, c’est accepter de voir le visage de nos proches vieillir par visio car, quand on est loin, nous le voyons de façon plus radicale. C’est accepter de ne pas être là dans la maladie, les décès, les naissances, les anniversaires, et même les noëls. C’est à certains moments, fermer les yeux et se rappeler notre maison d’enfance: vouloir à nouveau sentir le mimosa, goûter les fraises du jardin ou encore entendre discuter mes parents dans la cuisine. Nous ne pouvons pas être attachés à notre pays, mais inconsciemment nous sommes tout de même attachés à tout ces souvenirs et perceptions sensorielles, qui ne sont définitivement pas les mêmes ailleurs. C’est ne plus pouvoir manger le même gâteau au chocolat que ma maman me fait depuis mon plus jeune âge, car ici, il est difficile de trouver de la levure chimique ou le même chocolat pâtissier qu’elle utilise. Ce n’est pas grave à priori ? Et, c’est vrai, c’est juste un gâteau au chocolat. Mais sans s’en rendre compte, c’est une multitude de petites choses. C’est s’être déraciné volontairement, c’est laisser derrière nous une part profonde de nous-même sans s’en rendre compte.
La vérité c’est que tout comme nous ne pouvons pas embarquer notre maison avec nous; nous devons en laisser une partie. Nous ne pouvons pas emporter avec nous tous les poids de la vie que nous avions en France et tout ce qu’il s’y cache : amis, famille, lieux que nous fréquentions - même ceux que nous apprécions sans le savoir, odeurs, … Des fois, il m’arrive d’avoir envie de voir l’océan: je n’y allais pas tous les jours, ni même toutes les semaines, mais à Montréal je ne peux tout simplement pas le faire. Oui, je peux rentrer en vacances, comme en ce moment, mais on ne passe pas notre vie en vacances. Partir, c’est accepter de plus pouvoir faire des choses les plus anodines, là bas. C’est s’inquiéter de comment nous allons réagir si demain quelqu’un de notre famille tombe malade. C’est accepter de vivre les plus grandes insécurités et peines, loin de tout et de toutes les personnes que nous connaissons. C’est se surprendre un jour en se demandant si l’herbe n’est pas plus verte en France. C’est se questionner sans cesse sur demain, avec toujours cette même question à l’aube : « Alors je continue? » .
Aujourd’hui, si on me demandait, en sachant tout ça : est-ce que je recommencerai? Honnêtement, c’est une merveilleuse expérience, une folle aventure, enrichissante, qui je crois nous fait grandir, peu importe notre âge, mais pour grandir faut aussi souffrir un peu. Alors, j’y réfléchirai, plus longuement.
Mais, vous savez quoi ? Je pense qu’il faut être fou pour tenir toute une vie mais si c’était à refaire: je referai mes valises et je partirai. Parce que quelque part il y a aussi quelque chose d’extraordinaire dans ce départ à la découverte de soi-même, des autres et à l’importance de toutes ces petites choses qui nous entourent. Comme le privilège de manger un dimanche midi avec ses parents, le privilège de voir les feuilles d’automne tomber ou de passer un Noel sous la neige, le privilège de voir que certaines amitiés sont bien plus fortes que 6 000 kms, le privilège de savoir que nous ne pouvons pas tout avoir dans la vie, le privilège de connaître l’importance incroyable de chaque petites choses de la vie et de continuer à la vivre à 1 000%.
« I want to continue being crazy, living my life the way I dream it, and not the way the other people want it to be. » - Paulo Coelho
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